Pourquoi pratiquer l’aquaponie ? (1/2)

15 Sep, 2014

Production de basilic, tomates et bettes dans ma serre d'aquaponie...

Je vous en ai déjà parlé dans mon petit guide, mais je souhaiterais revenir plus en détail sur les motivations qui nous animent pour pratiquer l’aquaponie.

D’abord, une petite interrogation sur vous. Si vous êtes intéressé(e) pour pratiquer l’aquaponie, c’est probablement pour une ou toutes les raisons suivantes :

  • Il est important pour vous d’avoir accès à la nourriture la plus fraîche, goûteuse et bio que vous puissiez trouver
  • Vous aimeriez savoir produire cette nourriture vous-même et de façon simple
  • Vous avez l’esprit ouvert et souhaitez apprendre quelque chose de nouveau
  • Vous avez envie de cuisiner ou au moins de récolter quelquechose que vous avez fait pousser de vos mains
  • Vous êtes intéressé(e) par la production de nourriture de manière soutenable et locale
  • Vous êtes curieux(se) et avez envie de vous amuser avec l’aquaponie

Toutes ces raisons sont bonnes pour s’intéresser à l’aquaponie. Je souhaite aborder dans cet article les éléments plus particulièrement liés aux bénéfices pour la santé.

Pilules ou légumes frais ?

L’alimentation comme médecine

L’homme a 200 000 ans d’histoire environ. En moins d’un siècle, nous nous sommes coupé de notre lien à la nature. L’humanité était jusque là en rapport quotidien avec les plantes, à la fois pour se nourrir et pour se soigner. Chacun comprenait profondément que la nature et les plantes soutenaient notre vie au niveau le plus basique.

Ceux qui aujourd’hui encore se soignent par les plantes en priorité sont étiquetés “écolos” ou “alternatifs”.
Nous nous sommes mis à considérer la médecine moderne comme supérieure. Elle a effectivement des résultats spectaculaires dans certains domaines c’est indéniable.

Par contre, l’approche mono-molécule ou “principe actif” de la médecine allopathique moderne a aussi ses limites. La plupart des molécules synthétisées sont en fait inspirées de celles trouvées dans la nature. Mais la synergie entre les centaines de molécules présentes dans les plantes et leurs proportions respectives ne peut être reproduite en laboratoire.

Beaucoup de médecins ou autres thérapeutes non liés aux industries pharmaceutiques s’accordent aujourd’hui à dire que la meilleure médecine, préventive, se trouve dans notre assiette par une alimentation de qualité. Ils disent aussi que nombre des maladies modernes (le cancer à 95% par exemple) proviennent de facteur environnementaux dont l’alimentation est pour beaucoup.

salade de légumes frais issus de l'aquaponie

La production moderne de nourriture

Après la seconde guerre mondiale, la fourniture de nourriture a progressivement été industrialisée, grâce à la disponibilité d’une énergie fossile abondante et peu chère (l’âge du pétrole), et des moyens associés : fertilisants, machinerie agricole, transport et stockage réfrigérés…

Aujourd’hui, pour la plupart des gens, la nourriture vient du supermarché. La chaine alimentaire est devenue  une industrie à la recherche constante de marges croissantes. Les flux de “marchandise” sont devenus globaux, exigeant des possibilités de stockage longue durée, des production de “matière première” par monoculture industrielle.

Dans ce contexte, la “valeur ajoutée” est créée par la transformation des produits. C’est l’occasion d’y ajouter une quantité innombrable d’additifs (conservateurs, colorants, exhausteurs de goût…) aux effets à long terme inconnus. Pour augmenter encore les marges, les plantes à l’origines de ces produits ont été elles aussi industrialisées via les technologies OGM, sur laquelle aucune étude de long terme n’a été faite, se servant de nous et de nos enfants comme cobaye.Les végétaux produits dans ces conditions, issus de variétés sélectionnées pour leur capacité à résister aux “-cides” et à se conserver longtemps constituent une nourriture de piètre qualité.

Quelle solution pratique?

L’argent du consommateur est le premier maillon de cette chaine et soutient ce système. Tout cela arrive pour une raison de commodité. Nous acceptons de payer pour que notre nourriture soit produite par d’autres, sous forme prête à consommer et à bas coût.

Nous le payons, non avec notre argent, mais avec notre santé.

La solution est bien connue : manger une nourriture plus riche en fruits et légumes, sous sa forme la moins transformée possible. La manger fraîche, peu cuite, ou crue.
Encore mieux, manger une nourriture bio, sans résidus de produits chimiques en “-cide”.

C’est pour ces raisons que l’aquaponie fait partie de la solution. Elle nous donne accès à une nourriture de cette qualité . Par son efficacité incroyable, pour un investissement en temps et en argent modéré, elle offre cette possibilité à presque tout le monde.

“Prenez soin de votre corps comme d’un temple. Sinon, où allez vous habiter ?”

Voilà certaines des raisons qui m’animent et me poussent à partager avec vous les éléments qui vous aideront à réussir votre système d’aquaponie. J’aborderai les autres dans un prochain article.

N’hésitez pas à poser vos questions en commentaire ci-dessous! Aidez-nous en nous en partageant l’information autour de vous !

10 Commentaires

  1. Libeer Marc

    Bonjour,
    Abordez-vous le sujet du goût dans l’un de vos articles ? La différence de goût éventuelle entre une tomate ‘pleine terre’ et une tomate ‘aquaponie’ par exemple …
    D’avance merci,
    Marc Libeer

    Réponse
    • Greg

      Bonsoir Marc,

      J’ai fait un article sur le sujet l’année dernière ici. Cette année, chez moi, à deux metre de distance, les tomates cerises en aquaponie ont bien meilleur goût que la même variété en terre… Un certain nombre de visiteurs on pu tester et sont repartis bien étonnés. Je ne généralise pas, il s’agit seulement de ma petite expérience…

      Pour ce cas précis, je n’ai pas d’explication. Différence notable, le système d’aquaponie est en serre, mais celle-ci est restée très grande ouverte tout l’été, avec pas de différence de température ou d’ensoleillement notable à mon sens.

      Cordialement,

      Greg

       

      Réponse
  2. Ced

    Bonjour

    Si il y a bien un argument pour lequel je pense que l’aquaponie n’apporte rien ou alors pas grand chose c’est au niveau sanitaire. D’un point de vue global tout d’abord si elle était pratiquée à l’échelle industrielle, elle devraient se faire en milieu confiné super controlé. Car quand on simplifie un système par rapport à son équivalent dans la nature il est moins résilient et le risque pathogène est plus important. Donc l’aquaponie en mode familiale, oui, à plus grande échelle il faut se poser la question de savoir si alors elle fait partie des solutions et non des problèmes (cfr industrialisation de l’agriculture).
    Deuxièmement, l’idée qu’au niveau de la richesse nutritionnelle un légume qui pousse les racines dans l’eau au lieu de pousser les racines dans la terre sont comparables est contre-intuitif à priori. On pourrait penser qu’une plante trouve tout ce qu’elle a besoin et donc, donne le meilleur de ce qu’elle a dans le milieu avec lequel elle à co-évolué depuis de milliers d’années, dans la terre donc. Je me permet un petit rapprochement. L’équivalent en substance, c’est ce principe d’affirmer qu’une plante génétiquement modifié (comme le soja roudup ready de monsanto), est équivalente en tout point à une plante non OGM mis a part le la ou les protéines produite(s) par la partie transgénique du génome modifié. C’est une vision extrèmement mécaniste (et dangereuse) qui voit le fonctionnement d’un organisme vivant et donc de la vie comme un système simplifié, ici un gène = une protéine. Une protéines en plus ça ne change rien. C’est ce principe d’équivalent en substance qui est responsable d’un des plus grand drame écologique, à savoir la pollution planétaire de transgène et parallèlement la déforestation, l’industrialisation de l’agriculture, la dépendance encore accru aux enrgeie fossiles etc etc. Cette vision réductiviste me semble également sous-tendre celle qui dit qu’un légume produit par aquaponie serait équivalent à son homologue issu d’un potager. Je n’ai pas encore trouvé d’étude qui étudie cela sérieusement.
    Pour ma part, je me contente de la saveur d’un légume pour juger de sa qualité nutritionnelle. Ce petit côté subjectif me plaît bien. Et je voudrais bien un jour gouter un légumes aquaponique qui est vraiment une bonne saveur car tout ceux que j’ai eu l’occasion de me mettre sous la dent étaient assez fades…..ce qui conforte mon avis (subjectif bien sûr) qu’a priori, ce n’est pas la même qualité.
    Je terminerai ce commentaire par un dernier point qui me fait douté de la réelle nécéssité des systèmes aquaponiques. Ils pourraient servir à ceux qui qui domine les marchés fonciers dans les villes. Je fais partie de ceux qui pensent que les gens doivent collectivement se réapproprier chaque lopin de terre qui permetterait de produire. Certain politique utilise l’aquaponie pour bloquer ce mouvement qui doit avoir lieu. Ou pire, cetaines parcelles urbaine de terre pourraient être bétonnée en faveur de projet d’aquaponie qui nécéssite le la technique, des instalations relativement complexe et bien souvent selon les climats le chauffage en hiver et la climatisation en été selon les type de poissons qu’on élève.

    Je fait un peu l’avocat du diable mais je crois que c’est sain.

    A plus Ced (de bruxelles)

    Réponse
    • Greg

      Bonsoir Ced,

      Merci de ton commentaire, je suis content de pouvoir échanger avec des gens qui ne sont pas d’accord… J’essaie de répondre point par point à ce que tu dis plus haut.

      Pour commencer, l’aquaponie n’a pas à mon sens vocation à devenir industrielle. Je ne fais pas trop confiance à tel système industrialisé de culture et de distribution, ce n’est pas pour refiler le bébé aux mêmes pratiquant cette fois l’aquaponie. Quoique… j’y aurais au passage gagné la garantie qu’ils n’abusent pas trop sur les “-cides”, les poissons étant trop fragiles pour ça. Mais je te rejoins, je le vois plus en mode familial, petite comunauté, ou petit maraicher en vente directe. Son grand atout est de pouvoir rendre la production de nourriture accessible à beaucoup de particulier. Une fois les choses mises en place, et que l’on a bien compris (il ne fat pas se leurrer, il y a de l’apprentissage…) , le temps nécessaire à l’entretien est très faible.

      Concernant la richesse nutritionelle. Je n’ai peut-être pas assez insisté sur un point : la richesse en vitamines et anti-oxydants d’un légume ou fruit, est inversement proportionelle au temps entre la récolte et la consommation. L’aquaponie, tout comme ton potager, te met une nourriture ultra-fraîche et ceuillie à maturité à portée de main, et c’est pour moi un point absolument essentiel. Certains légumes au supermarché du coin ont déjà des semaines au moment où … je ne les achète pas. Sérieusement, il est devenu difficile pour moi de me taper ces tomates fadasses, surement très pauvres nutritionellement parlant, mais d’aspect impeccable qu’on y trouve.

      Je reviens au potager. Ca fait sept ans que j’ai un potager en terre, entièrement biologique, favorisant le vivant et les différentes niches au maximum. J’ai passé un nombre incalculable d’heure à me documenter, à arroser chaque jours mes semis, à repiquer délicatementme plantules,  à chasser patiemment la limace à la lampe frontale à 22H au printemps, à arroser certains soirs d’été, a semer mes engrais verts, à composter, lombri-composter, pailler, et j’en passe…Parfois ça marche, parfois pas ! Voir tous me efforts réduits à néant en quelques jours par une attaque de limace ou de mildiou, j’en ai eu marre. Depuis que j’ai commencé l’aquaponie, en parallèle de mon potager en terre, je constate que mon système est bien plus résilient. Pas trop à la panne d’électricité, c’est net, mais pour le reste…. Le développement rapide de plantes fortes et la culture hors sol les met à l’abris de pas mal de soucis.   L’idée qu’un système aquaponique est moins résilient qu’un mileu “naturel” car plus “artificialisé” me parait issue d’une vision romantique … L’agriculture, en bio ou pas, ça s’appuie sur , mais ce n’est pas la “nature”, c’est un milieu hautement artificiel. Toujours est-il que par rapport à une culture avec fertlisation chimique en terre, l’aquaponie est surement plus naturelle car basée sur le vivant, s’appuyant largement sur le monde bactérien pour son fonctionnement.

      Pour la saveur, je t’invite à venir goûter, et je te renvoie à la réponse que j’ai faite à Marc plus haut. Je pense aussi que le goût est surement un bon indicateur de la qualité nutritionelles. Je n’ai pas connaissance d’études faisant une comparaison claire, ni d’ailleurs entre le potager bio et l’agiculture dite “conventionelle”. Je pense d’ailleurs que l’on ne sait pas réellement faire des analyses fines à des coûts raisonnables. Certains parlent d’analyses de tissus… si tu as des infos je suis preneur.

      Pour les dérives habituelles des spéculateurs et autres qui tentent de garder tout le monde captif, ce n’est pas la faute de l’aquaponie… On peut faire n’importe quoi avec un très bel outil. Tout est une question d’éthique…

      En conclusion, l’aquaponie n’est pas une panacée, mais elle me donne accès à une qualité de nourriture que j’aurais bien du mal à me procurer autrement. Cette technique a sa place dans les recherches d’alternatives, et au niveau familial, elle a surement des bénéfices sanitaires.

      A bientôt j’espère

      Greg

      Réponse
  3. jéjé

    J’espère ne pas être hors sujet mais une idée m’est soudainement venu en lisant cet article. Si les légume potagers perdent certaine de leurs valeurs nutritionnelles (c’est une supposition) en poussant de cette façon, pourquoi ne pas faire pousser des plantes aquatique comestible ? Par exemple : du lotus, des massettes à larges feuilles, des châtaignes d’eau ou encore du cresson de fontaine. Au moins là c’est sur que les plantes seront habitué à avoir les racines dans l’eau. Et puis de cette façon peut être serait il possible de régler quelque problème. Par exemple: si le bassin des poissons et celui des plantes sont au même niveau et que l’on plante du cresson de fontaine, plus besoin d’une pompe puisque l’eau circulera d’elle même et que le cresson ne craint pas l’immersion.

    Réponse
    • Greg

      Bonjour Jéjé,

      Il n’y a pas de hors sujet, tout reste à explorer! 😉 Je ne crois pas que les légumes perdent de leur valeur nutritionnelle en aquaponie, vraiment ! J’arriverai un jour ou l’autre j’espère à financer des analyses précises… Tu as tout à fait raison pour les plantes aquatiques. Nombre d’entre eles sont intéressantes sur le plan gustatif, et nutritionnel aussi. Je fais aujourd’hui pousser du cresson des fontaines, il croit et se renouvelle à une vitesse folle, et nous on se régale….

      Se passer de pompe…. ça revient à faire une mare avec les bords plantés…. C’est autre chose. Le fait de remuer l’eau en aquaponie l’oxygène bien et régulièrement, et distribue les nutriments à travers tout le système. L’apport d’oxygène a un effet “boostant” sur l’ensemble des organismes en présence, et c’est en grande partie ce qui permet d’intensifier la culture…

      Donc tout est possible, mais cla n’aura certainement pas le même résultat. A expérimenter !

      Si la consommation électrique d’une pompe t’inquiète, sache qu’on peut avoir des systèmes extrêmement sobres en énergie ! Le mien ne l’est pas particulièrement, il pourrait l’être 5 fois plus, et  pourtant il est déjà très sobre en rapport avec les services rendus. Des détails dans cet article

      Cordialement,

      Greg

       

       

      Réponse
  4. paul-plocinik

    Bonjour, je suis très intéressé mais je cherche une analyse comparative en valeur nutritive d un légume produit en sol classique et en aquaponie. Des études montrent des résultats remarquablement différents entre la culture en sol et en hydroponie. Connaissez vous ce type d analyse? Merci par avance
    jerome.paul-plocinik

    Réponse
    • Greg

      Bonjour,
      Je ne crois pas qu’on puisse “comparer” de manière crédible les formes de culture, ni même que ces comparaisons aient un sens.
      Il existe une infinité de qualités de sol, du sol mort au plus vivant. De même pour les systèmes d’aquaponie ou même d’hydroponie.

      Si on veut prouver que l’hydroponie produit des légumes moins bons qu’en sol, je suis sûr qu’on peut y arriver facilement, avec une étude “scientifique”.
      Si on a décidé de prouver le contraire, je suis également sûr qu’on peut le faire.

      On peut par contre essayer de mesurer les qualités d’un légume produit. Certains peuvent être excellents et produits en aquaponie, et ça j’en suis certain!

      Cordialement,
      Greg

      Réponse
  5. Shadia

    Bonjour je viens de tomber sur ce site comme par hazard en faisant des recherches sur l’aquaponie. J’ai des projets concernant la pissiculture et quand mon prof d’université m’en a parle je me suis dit pourquoi pas le faire en aquaponie. est ce que vous pensez que ce serait possible de le faire a grande échelle pour une cinquante de personnes par exemple? quels sont les risques biologiques qui sont à gérer? et le coût de mise en place est-il élevé?

    Réponse
  6. Cram Rovan

    N’est-ce pas un leurre ? Les légumes ainsi produits auront une teneur en eau équivalente propre à tous les végétaux… entre 80 et 95%.
    Les 15 à 20% restants étant composés d’éléments organiques et minéraux. Dans la technique de l’aquaponie , ce sont les déjections des poissons solubilisées dans l’eau qui génère cet apport. Or d’où proviennent ces éléments organiques et minéraux si ce n’est dans l’alimentation qui leur est destinée…
    Pour 1 kg de légumes produits nous aurons donc entre 800 et 950 grammes d’eau et entre 50 et 200 grammes d’éléments organiques et minéraux. Étant donné la composition moyennes de l’alimentation des poissons , éléments organiques, minéraux et éléments non assimilables, il faudra apporter au minimum 250 grammes à 1 kilogramme de nourriture aux poissons… bio de préférence … avec tout cela je doute fortement de la qualité des légumes produits pour avoir testé. Tout ce qui est « salades », en aquaponie leur goût est insipide comparé à celles cultivées en pleine terre où l’on retrouve la quasi totalité des oligo-éléments…

    Réponse

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