L’aquaponie, évolution de pratiques ancestrales efficaces

3 Mai, 2016

chinampas ancestrales à Tenochtitlan
Lorsqu’on recherche l’historique de l’aquaponie, on revient souvent à des modèles d’agriculture très anciens. Le point commun de ces approches est l’idée d’utiliser l’extraordinaire efficacité des écosystèmes aquatiques naturels pour en tirer une récolte. Jetons un coup d’oeil sur deux d’entre elles particulièrement inspirantes.

La polyculture carpe-riz dans les rizières chinoises

On trouve des traces d’aquaculture en Chine il y a plus de 2500 ans. C’est tout naturellement que la polyculture carpe-riz s’y est développée. Le principe : introduire des poisson dans les rizières pour le bénéfice mutuel des deux.
  • Par leurs mouvements et leur fouissage, les poissons ameublissent et oxygènent le sol.
  • Par leur alimentation, ils maintiennent une pression importante sur les insectes prédateurs en lieu et place des pesticides.
  • Par leurs déjections, ils fertilisent les plantes.
  • Le riz densément planté apporte un abri aux poissons par rapport aux oiseaux prédateurs
Ces pratiques ancestrales sont toujours vivantes aujourd’hui, comme en témoigne cette vidéo de la FAO (en anglais, désolé) :
Pour aller plus loin , la FAO propose un document intéressant proposant une approche pour valider l’avantage de la polyculture sur la monoculture au point de vue économique : http://www.fao.org/fileadmin/user_upload/giahs/docs/Framework_on_Economic_Assessment_GIAHS.pdf)

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Les chinampas au Mexique

A l’époque précolombienne, sur les territoires de l’actuelle ville de Mexico, vivait une civilisation florissante de personnes en bonne santé avec une populations très importante. Des millions de personnes vivaient sur ces hauts plateaux, en bordure des lacs d’altitude, avec des villes bien plus vastes que les capitales européennes de l’époque.
Les aztèques, bien qu’ils la connaissaient n’utilisaient même pas la roue, et lui préféraient le bateau !  Le circuit court était la règle à l’époque.
Une des clés majeures de leur prospérité résidait dans leur agriculture bien particulière qui leur assurait un approvisionnement stable et abondant au cœur de la ville. Les aztèques avaient développé une techniques redoutablement efficaces basée sur l’écosystème aquatiques des lacs : les chinampas.
Illustration du principe des chibampas
L’idée était de créer des structures qui permettaient d’établir de petites iles artificielles cultivées. Celles-ci étaient régulièrement amendées par l’apport en nutriments des boues riches du fond du lac. Ces boues elles-mêmes provenaient tout simplement des activités biologiques et de la dégradation de matière organique de l’écosystème aquatique : feuilles d’arbres, insectes, fèces de poissons. Également, les chinampas bénéficiant d’une irrigation permanente par capillarité à travers leurs côtés. Avec cette technique, les chinamperos étaient capable de faire jusqu’à 7 récoltes au même endroit dans l’année !
(Source : Chinampas, par Alfred Aghajanian, Indo-European Publishing)
chinampas actuels
J’ai eu la chance de pouvoir aller moi-même à la recherche de ce qui subsiste aujourd’hui des chinampas autour de la ville de Mexico. J’ai interviewé des chinamperos et vu la manière dont ils cultivaient encore selon ces méthodes ancestrales. Le chiffre de 7 récoltes à l’année au même endroit reste valable aujourd’hui, et les plantes cultivées selon ces méthodes organiques se vendent bien.
Cependant, l’expansion de cette énorme ville tentaculaire qu’est Mexico a malheureusement largement pollué les eaux et repoussé les chinamperos dans des recoins reculés. Comme dans beaucoup d’endroits dans le monde, l’expansion des population urbaines entraine une compétition pour la terre entre le logement et l’agriculture. Pas sûr que les chinampas subsistent encore longtemps autrement que comme une attraction touristique.

Une évolution de ces techniques ancestrales avec nos moyens modernes.

L’aquaponie est en fait l’héritière de ces techniques ancestrales.
Comme elles, elle est basée sur quelques principes simples :
  • on peut construire un espace artificiel qui procure les bonnes conditions à la vie naturelle pour s’épanouir
  • l’association plantes/poissons permet de bénéficier de deux co-production soutenables sur une même espace
  • le recyclage rapide de la matière organique en milieu aquatique favorise le dynamisme de l’écosystème
  • l’irrigation permanente des cultures leur assure un développement rapide et une robustesse qui permet de cultiver sans produits phytosanitaires
Quelques apports des technologies d’aujourd’hui nous permettent d’aller encore plus loin :
  • l’utilisation de pompes efficaces permet de faire circuler l’eau et d’apporter une oxygénation encore meilleure, à des coûts énergétiques raisonnables.
  • l’utilisation de membranes étanches permet d’instituer ces écosystèmes partout y compris en pleine ville, ou dans des terroirs non favorables.
  • les moyens modernes de mesure de la qualité de l’eau nous permettent de comprendre ce qui s’y passe et d’accompagner encore mieux les processus naturels à l’œuvre.

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On peut espérer que des techniques qui ont pu nourrir des millions de personnes depuis très longtemps puissent continuer à le faire aujourd’hui pour une population sans cesse grandissante.
L’apport non négligeable de technologies simples, sobres, et efficaces peut nous permettre d’adapter ces techniques aux contraintes modernes, sans en dénaturer l’esprit.
L’aquaponie, c’est en quelque sorte une manière moderne de réinventer des méthodes ancestrales pour produire une nourriture saine et abondante !
Qu’est-ce que ça vous inspire ? Envie d’installer des Chinampas 2.0 chez vous ?

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